Cahuita

Publié le par Aude GEANT

LUNDI 24 OCTOBRE 2011

Le réveil sonne mais après à peine 6h de sommeil, j’avoue que l’envie me manque de me lever. Ça m’apprendra à vouloir faire la fête. Pourtant la journée s’annonce bien, nous devons aller au Parc Cahuita avec Carlos, le bruit de la pluie n’occupe pas tout le fond sonore. Alors je me mets debout péniblement et je m’emmaillote dans les draps, je sors chercher mon maillot de bain qui sèche sur le fil sous le porche ; je l’ai tendu hier avec plusieurs de ces petits camarades pour les aider à lutter contre l’humidité. C’est avec surprise que je découvre que nous avons une petite visiteuse, une adorable mais vénéneuse grenouille verte et noire, alors pas touche. Carlos m’apprendra plus tard qu’elles sont là tous les matins pour manger les vers qui tombent du toit. On se demande bien ce que font des vers à cet endroit mais je suis heureuse qu’ils y soient, sinon pas de jolis batraciens.

J’étais prête à l’heure, enfin avec à peine un quart d’heure de retard mais le petit déjeuner s’éternise. J’avais mangé rapidement une pomme, une banane et mes céréales mais ce repas semble être tout un rituel pour Carlos qui nous prépare des œufs brouilles avec du pain et du fromage, j’ai vraiment du mal à appeler cette pate informe et acide du fromage mais bon ne dit-on pas chacun ses gouts et Dieu pour tous. Finalement, il nous faudra aller jusqu’à la station de bus pour dire au revoir a Sonia et Mike. Ce qui n’est pas plus mal en fin de compte car cela me permet de revoir Javier et Montserrat que je rencontre tout à fait par hasard à leur sortie de la banque, quelle joie de voir des têtes connues.

Nous rentrons dans le parc il est 9h30 passée. Il y pullule toute sorte d’oiseaux et je suis toute excitée de les débusquer, les yeux d’expert de Carlos voit bien plus que moi et il me montre paresseux, serpents, singes et autres qui seraient restes invisibles à mon regard de néophytes.

Parc national Cahuita : cette réserve naturelle est régie en collaboration par la communauté et le ministère de l’environnement ce qui explique les différences qui existent entre ce parc et ses semblables. La contribution est libre mais si vous ne pensez pas y revenir plusieurs fois, il est fortement encourage d’y laisser 4 ou 5 $ minimum. Je suis la première surprise de ce que j’écris, toujours à l’affut de la moindre économie mais ce parc tout comme les autres a besoin d’un certain entretien et de protection alors à vos porte-monnaie. De plus, depuis les dernières élections (Oct. 2011) du Comite de Cahuita, deux membres de l’assemblée des guides locaux ont été élus, ce qui va permettre de faire passer le plan de protection du parc. Il n’est pas vraiment de mon gout pour tout vous avouer, car il mettrait ce petit paradis hors de ma portée mais il recèle une certaine logique. L’entrée coutera 25$avec un tour guide de 3h, une collation et un retour en barque au village, 35$ si vous pensez faire du snorkelling. Pourquoi ce prix, tout simplement parce que les gens se plaignent de ne rien voir, ce qui explique le guide, que le parc est sur utilise, il faut donc réguler le flux des visiteurs, ce qui explique le prix et parce que les vols ne sont pas rares, être accompagne éviterait toute rencontre malencontreuse et les profits générés permettraient de payer plus de gardes pour faire des patrouilles (ils sont seulement deux actuellement).

Je croise plusieurs fois le long du parcours mon couple d’amie, Montserrat semble particulièrement habile quand il s’agit de jouer à cachecache dans la jungle.

Sont présents principalement 3 types d’oiseux :

les hormigeros, qui ne mangent pas de fourmi comme le nom semble l’indiquer mais qui vole les insectes que les fourmis carnivores ramènent à leur nid.

Les mieleros, dont font partis les colibris, et les yellow legs honney criper (magnifique petit oiseau dont le male tout bleu a les pattes jaunes), qui se délectent du nectar des fleurs.

Les tiranidos, dont le nom vient de tiranos, tyrans, car ils sont très agressifs. Ils se perchent sur une branche, se jettent sur les insectes qui passent à leur portée et reviennent à leur place.

Il serait beaucoup trop long de donner la liste exhaustive des animaux que j’ai pu admirer sur mon chemin mais j’ai apprécié la balade et j’ai été heureuse de pouvoir voir autant de paresseux et deux serpents dont le fameux, ….

Soit dit en passant, Carlos ne recommande pas chaudement d’aller visiter le refuge pour paresseux car quoiqu’on en dise, les paresseux ne tombent pas facilement des arbres (il en est tombe un en deux ans dans le parc et c’est parce qu’il était mort) alors comment expliquer que des dizaines de paresseux soient en cage si ce n’est pour soutirer de l’argent aux visiteurs désireux de contribuer à la bonne cause ?

Nous allons faire quelques courses, attendre 13h que le boucher ouvre. Mais les pates devront attendre car c’est épuisée que je me jette dans le hamac dehors et ce n’est qu’après deux bonnes heures de sommeil que j’émerge à peine reposée. Que me passe-t-il ? Moi qui suis toujours tellement active, j’ai l’impression d’avoir du plomb dans les chaussures et dans les paupières ces derniers temps. Nous allons faire un tour sur la plage  noire, caractéristique  du sable volcanique, je suis comme une enfant à chercher les sand dollars, ici ils sont minuscules, a peine la taille d’une pièce de monnaie.

Je cuisine, heureuse de pouvoir m’adonner à une activité que j’affectionne. Malheureusement les pates ne semblent pas du gout de Carlos, elles manqueraient de sauce ! Quel dommage, je les trouve pour ma part, tout à fait à ma convenance.

Je ne tiens plus, c’est horrible, il est 21h et je vais déjà me coucher. J’ai la désagréable impression d’avoir un rythme de nourisson.

 


MARDI 25 OCTOBRE 2011

Le mouvement lent et régulier du hamac me donne des envies de sommeil, j’ai l’impression que Morphée m’a prise en amitié, il ne me laisse plus de répit, a peine levée j’ai déjà l’impression que mon lit m’appelle. Serais-je atteinte d’une quelconque maladie ? Carlos penche pour l’hypothèse d’un manque de fer, comme il serait agréable que cela soit aussi simple. J’irais bientôt à la pharmacie demander des gélules, le chocolat est trop cher ici pour envisager d’en faire une cure. Comme le goût fort et corsé du chocolat noir me manque, son crémeux fondant dans la bouche et ses arômes qui se diffusent lentement. Qu’il est étrange de penser que j’ai traversé des pays producteurs de cacao sans pouvoir satisfaire mes besoins de chocolat. D’après Carlos, le fait que l’on ne trouve que des barres américaines en Amérique Centrale s’explique par le climat trop chaud et le manque de machines perfectionnées mais a Matagalpa, il y avait une fabrique de chocolat seulement la moindre miette de ce précieux caprice coûtait une petite fortune.

Bref de bavardages, j’ai occupé la majeure partie de ma matinée à visiter le parc national de Cahuita pour la deuxième fois, seulement Carlos semblait ailleurs, il marchait vite, ne me montrait rien et me laissa seul pendant une bonne heure à la moitié du chemin sous prétexte qu’il avait besoin d’une boisson sucrée. Sur la section suivante du sentier, il ne se montra pas plus souriant et je fus bien en peine de découvrir ce qui le perturbait ainsi. La perspective de sa tournée avec des clients ? Que je reste chez lui plus longtemps ? Je l’ignore, toujours est-il que je n’ai pas pu profiter pleinement de ce lieu magnifique. En me levant à 6h, j’avais imaginé que nous serions seuls à nous promener dans le parc mais l’attente prolongée à mi-parcours a permis à tous les groupes de touristes de nous devancer et de perturber la faune des sous-bois par la même occasion.

Il serait pourtant injuste de lui reprocher quoi que ce soit, notre balade d’hier fut des plus divertissantes, pleine de surprises, et très instructive, j’ai aussi apprécié le combat acharné mais perdu d’avance avec les hordes de moustiques. Aujourd’hui, je pus observer : des oiseaux de toutes sortes, des singes capucins, deux splendides papillons bleus qui volent en ‘parpadear’,  un couple de ces étranges lézards capables de marcher sur l’eau (auraient-ils pris des cours avec Jésus ?), et un caïman, je ne saurais l’oublier. Tout comme hier, la promenade s’achève à la pointe Cahuita, ou je déguste avec bonheur des fruits frais : une tranche d’ananas, un bout de pastèque et une banane, offerts par les guides  qui réservent normalement cet encas à leurs clients.

Carlos s’en va de son cote, suivi de sa meute, je m’en vais du mien, m’éloignant de la cote à toute vitesse à bord de la barque de son frère Mainor. A peine arrivée à la maison, je prends une douche bien méritée et consacre un moment à me refaire une beauté, ce qui consiste essentiellement à éviter de ressembler à une sauvageonne. L’heure du déjeuner est depuis longtemps passée et mon ventre se charge de me le rappeler de manière bruyante, seulement après avoir été fait un tour au super marche d’a cote, je renonce à un repas complet et équilibré ; une petite brique de crème liquide (900C$) et un demi-kilo de poulet en morceau de mauvaise qualité (2450CS) me reviendrait plus cher que de manger au restaurant, c’est à se demander s’ils ne marchent pas sur la tête. Quelques tranches de pain et un peu de pate feront l’affaire. Cependant, n’allez pas penser que je me laisse mourir de faim (n’est-ce pas Maman), j’ai eu un petit déjeuner plus que copieux, car en plus de mes tartines de confiture et de mes céréales, Carlos a gentiment partage avec moi ses œufs au plat, son fromage et son gallo pinto (il y ajoute de l’oignon et du poivron, ce qui lui donne un bon petit gout), ainsi que ces gâteaux secs a la pause de 12h à la pointe du parc. Apres tout ça, on ne s’étonnera pas que je n’ai pas particulièrement faim, pas suffisamment en tout cas pour dépenser 7$ pour un simple plat.

Je me plonge dans un bon livre, « Parce que c’était moi, parce que c’était lui », que j’ai récupéré chez mon dernier couchsurfeur, mais comme tout ce qui est bon à une fin, la dernière page arrive rapidement et je dois me trouver une autre activité. Quoi de plus naturel alors que de vous narrer ma journée. Il est encore tôt, 17h, je vais en profiter pour écrire un peu de ces jours passes que je ne vous ai pour l’instant pas relatés.

 

MERCREDI 26 OCTOBRE

 


JEUDI 27 OCTOBRE

Encore une journée a Cahuita, si ce n’est pour revoir Gustavo, je serais partie aujourd’hui même, être avec mon couchsurfer m’épuise, je ne sais pas sur quel pied danser, il a cette manière étrange d’être distant et de vous mettre mal à l’aise pourtant je suis sure que c’est quelqu’un de bien. Donc, ce matin, je termine les céréales, le pain, il ne me restera plus rien pour demain, Carlos mange en silence sur le bar, je mange sur la table en silence, quelle ambiance.

Vers 9h, je pars en direction du parc, Jose est là, hier il m’avait proposé de faire du snorkelling avec lui si un tour se présentait, pas de chance pour moi ni pour lui, il n’a pas de client aujourd’hui. Je reconnais la silhouette de Gustavo qui s’éloigne, je le hèle et cours le retrouver. Il loge au Sangrilia, l’hôtel à cote de la gare, il partage avec moi un sandwich tomate fromage. On fait le tour du parc, je lui montre les quelques endroits où je sais qu’il va y avoir les iguanes, les serpents et le caïman, au fil de ces derniers jours, je me suis transformée en guide. Il est simple de savoir où ils sont quand on sait ou chercher. On s’arrête un moment à la pointe, mon cœur balance, je finis par me décider à faire pour la première fois le tour complet, la promenade n’est pas si longue en fin de compte et un petit bain de mer aide à supporter la chaleur. A la sortie du parc, nous attendons un moment le bus puis nous marchons un peu dans l’espoir qu’un gentil conducteur nous prendra en stop. Et cela fonctionne, certes après deux bons kilomètres et une trentaine de véhicules mais n’empêche cela fait plaisir. J’arrive juste à temps pour le rendez-vous de 15h avec Carlos a l’entrée du parc malheureusement pour moi, il n’est plus du tout motive a partir se baigner près du fleuve comme il me l’avait proposé ce matin. Je reste là, un moment avec lui, à regarder les joueurs de volley mais je me lasse rapidement, le niveau n’a rien d’exceptionnel et la fatigue me rattrape.

Apres une petite heure de sieste dans le hamac (je vais finir par l’adopter celui-là, il a quelque chose de spécial qui fait que je m’y sens bien), Carlos arrive, toujours aussi causant, je fais faire un petit tour sur la plage noire histoire de trouver un ou deux sand dollar de plus, mais la nuit tombe vite et la chance n’est pas au rendez-vous, car la pluie se met dans la partie.

Quelques courses pour le diner, parapluie sous le bras, mieux vaut être prévenante, on mange en silence pour changer, la soirée promet d’être longue. La mauvaise nouvelle du jour : je n’aurais pas mon gâteau au chocolat tant désiré car le gaz vient de se terminer, on n’a même pas pu faire cuire la viande quel dommage !

Vous l’aurez compris, ce fut une journée ordinaire dans un voyage peu ordinaire, mais il en faut, cela fait prendre conscience des jours extraordinaire qui peuple notre vie.

 

Publié dans 5. Costa Rica

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